AMGLO
- compasegure
- 24 août
- 2 min de lecture
Ou la vie de Narcisse Pelletier
Cie Le Bazar Mythique
De et avec Gérard Potier
Création musicale : François Marillier
Mise en scène : Patrick le Mauff
ETRANGER A LUI-MÊME…
« Je suis mort »… C’est donc du cimetière vendéen de St Nazaire, où il fut enterré il y a plus de cent ans, que nous parviendront, sous la plume d’autres que lui, les échos non seulement d’une, mais des trois vies d’un homme qui ne sut jamais rien de lui-même, en tout cas n’en dévoila aucune bribe. D’autres s’en chargèrent, heureusement pour nous !

Parmi eux, un auteur et comédien remarquable, Gérard Potier, grâce auquel, avec la complicité magnifique du percussionniste et musicien pluri-disciplinaire François Marillier, nous cheminons sur les traces d’un inconnu notoire : Narcisse Pelletier, natif de StGilles sur Vie, devenu Amglo (le fils) lors de sa deuxième vie auprès des aborigènes d’Australie qui le recueillirent après un naufrage à l’issue duquel il fut abandonné sur la rive, pour finir ses jours sur sa terre natale, rapatrié forcé et arraché de fait à sa nouvelle famille du bout du monde, sans qu’à aucun moment on lui ait demandé son avis… Quelle aubaine pour les transporteurs ! Il n’en avait pas…
A priori, l’histoire peut sembler si ce n’est banale, en tout cas ne défrayant pas la chronique… Seulement voilà : quand un comédien tel Gérard Potier s’y intéresse et « incarne » à ce point ce personnage inconnu de tous, on est littéralement enlevés, kidnappés, passionnés par son récit, compatissants dans la détresse d’Amglo et ses chagrins deviennent les nôtres. Il nous fait revivre son expérience aborigène, ses danses et coutumes ancestrales dans une chorégraphie à la fois minimale et tellement expressive, que l’on ne peut qu’avoir envie de bondir sur scène pour danser ou pleurer avec lui.

C’est le talent et la chance réservés aux grands acteurs : l’incarnation. Pouvoir vivre plusieurs vies en jouant plusieurs rôles ; être capable de changer de comportement pour être crédible ; faire reculer ou avancer la pendule du temps selon la prestation, quels veinards ! On pourrait être jaloux si l’on n’était d’abord ravis.

Vous êtes de ceux-là, Gérard Potier. Merci de nous avoir entraînés à votre suite dans le dédale complexe de cet homme aux trois vies, dont nous n’aurions jamais, sans vous, soupçonné l’existence.
Véronique Blin
Photos Marie-Laure Chevalier
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